Dépasser ses traumas et renaître

« Un enfant fracassé n’est pas un enfant foutu et un trauma ne se transmet pas forcément de génération en génération. Ce serait vrai seulement si on ne fait rien. Enclencher un processus de résilience et sortir de ses traumas est possible, à tout âge de la vie. » Boris Cyrulnik
J’ai eu la chance d’assister au sommet « trauma, attachement & résilience » de Quantum Way et d’écouter des conférences inspirantes de Boris Cyrulnik, Peter Levine, Stephen Porges, Deb Dana, Robert Schwartz, Ruth Lanius, Janina Fisher. Ils ont partagé leurs recherches sur les traumas, les facteurs de protection et vulnérabilité, le lien avec l’attachement dans l’enfance, l’impact tout comme le rôle salvateur du corps, des émotions et du système nerveux, et diverses approches qui peuvent faciliter résilience et guérison (EFT, EMDR, théorie polyvagale, IFS, pleine conscience, somatic experience…). Des approches qui me passionnent et auxquelles je me forme peu à peu.
Malheureusement beaucoup de personnes vivent des traumas, plus ou moins forts. Vous êtes peut-être concerné, ou une personne de votre entourage, parfois même des proches dont vous ne vous doutez pas de la détresse. Car plus une personne a été sévèrement traumatisée, plus la probabilité est forte qu’elle le cache derrière un masque, mette ses traumas de côté dans une boite bien fermée inconnue des autres et niée en soi, se mure dans le silence et l’isolement, se dissocie ou ait des comportements autodestructeurs pour anesthésier sa souffrance et survivre.
Les témoignages et approches pour s’en sortir prouvent que rester seul rend l’épreuve encore plus dure à vivre et dépasser. La résilience est facilitée quand la personne est accompagnée par des professionnels, soutenue par des proches, prend soin d’elle y compris en respectant son rythme pour dire, désengrammer les mémoires traumatiques dans le corps et s’aimer à nouveau.
« Pour guérir d’un trauma lourd et se sentir à nouveau en sécurité dans son corps, plus vous allez lentement, plus vous allez vite. » Christine Forner
Demander du soutien et dépasser un trauma requiert d’avoir la force de lâcher pas à pas les béquilles qui ont permis de ne pas s’effondrer jusque là (grâce à de nouvelles ressources pour se réparer en profondeur). Cela peut être difficile. Chacun fait quand / comme il peut et veut, ce serait pire que de rajouter de la culpabilisation à la souffrance. Si vous avez vécu un trauma, écoutez-vous y compris dans le temps nécessaire à chaque étape.
Ce sommet m’a fait pensé au kintsugi, cet art japonais qui consiste à réparer un objet cassé avec de l’or. Les « cicatrices d’or » ainsi créées dans l’objet racontent son histoire et lui donnent paradoxalement encore plus de valeur.
Un trauma peut nous briser, laisser des traces indélébiles et représenter la fin de quelque chose qui nous était cher, ne le nions pas. Mais nous avons tous en nous une force de résilience qui nous permet de nous reconstruire (recoller les morceaux), guérir nos blessures (avec de l’amour, du soutien, des apprentissages et des changements = les filaments d’or) et créer une nouvelle version de soi debout, unique & belle.